C’est en tout cas ce que laisse entendre cette idée largement ancrée dans les esprits. Et, partant du principe que l’on commet tous des erreurs, cette idée a quelque chose de rassurant : savoir que, malgré nos erreurs et nos fautes, on est amené à progresser et à nous améliorer. Mais il se pourrait que cette idée n’ait justement pas d’autre vocation que de rassurer et de motiver. A l’image d’un médicament placebo dont l’action est essentiellement psychologique, penser que l’on apprend de ses erreurs nous engage à poursuivre, même s’il n’y a aucun gage de réussite.

 

Apprendre de ses erreurs : un leurre ?

Il s’agit en effet d’une idée répandue, qui veut que les erreurs sont formatrices, forgent le caractère, augmentent la motivation, et poussent à recommencer armé des bonnes clés. Toutefois, cette idée est-elle réellement avérée, ou ne s’agit-il que d’un leurre ?

Certes, on peut penser que si un projet ne fonctionne pas une première fois, le seconde sera la bonne, grâce aux leçons tirées de cette expérience malheureuse. Mais encore faut-il savoir on l’on a commis une erreur, et ce qu’il convient de réaliser ou de mettre en place pour ne pas réitérer l’échec. Car, sans cette connaissance et cette conscience de nos erreurs passées, comment pouvons-nous progresser et ne plus reproduire ces même erreurs ?

Alors qu’au contraire, enchaîner une réussite à la suite d’une autre paraît beaucoup plus probable. On connaît dans ce cas les ficelles du succès, ce qui a marché, et pourquoi. Une étude américaine, réalisée par la Harvard Business School, montre que les entrepreneurs ayant déjà mené un projet au succès ont 34 % de chance de reproduire ce succès lors d’un autre projet. Alors que ceux dont le premier projet a été un échec n’ont que 23 % de chances de réussir un second projet, soit le même pourcentage qu’un nouveau créateur d’entreprise.

Ces chiffres sont particulièrement explicites, et mettent en évidence l’absence de corrélation entre erreurs passées et succès à venir. Bien au contraire.

 

Quelques exemples concrets

En cuisine par exemple, il est rare de réussir parfaitement une recette lorsqu’on l’a ratée une première fois, sans savoir pourquoi, sans savoir si cet échec vient des ingrédients, du temps de cuisson, de la cuisson en elle-même, ou encore du four, de la méthode suivie. Bref, rater un plat ou un dessert n’est pas la garantie de le réussir mieux la prochaine fois. D’autant plus qu’un échec en cuisine peut faire l’effet d’un frein.

 

De même une chute en vélo, lorsque l’on apprend à pédaler et à synchroniser ses mouvements et ses gestes. Un enfant tombant en vélo risque fort de mettre un certain temps avant d’avoir envie de remonter. Ce sont d’ailleurs bien souvent les parents qui le poussent, guidés par l’idée que « quand on tombe, il faut remonter aussitôt ».

Mais en réalité, qu’a retenu le jeune apprenti cycliste, si ce n’est qu’une chute à vélo, ça fait mal. Ce ne sont pas ses erreurs qui lui permettront d’y arriver, mais la pratique, assidue et régulière.