Que veut dire « travailler plus » ? Encouragée par notre actuel Président, selon la formule de sa précédente campagne, l’idée d’en faire « toujours plus » est intrinsèquement liée à notre culture. Nous aimons les « bourreaux de travail », qui multiplient les heures de travail et dorment, sur et en pensant, à leur projet. Porté par ce dogme qui dit qu’ « on ne travaille jamais trop », la culture française encourage cette attitude. Or, elle n’est synonyme, ni de dévotion, ni de productivité. En d’autres termes, si une personne travaille plus, cela veut simplement dire qu’elle travaille davantage.
Le nombre d’heures passées ne traduit pas davantage d’efficacité : au contraire, elle peut traduire une paresse intellectuelle, cautionnée par notre culture qui encense les bourreaux de travail. Au lieu de les encourager à réussir leurs objectifs dans le temps impartis, on valorise les heures supplémentaires.
Supprimez vite les bourreaux de travail !
Au-delà du travail, à proprement parlé, les bourreaux de travail suscitent souvent des problèmes relationnels : face à eux, leurs collègues commencent à culpabiliser de ne travailler que « raisonnablement ». Or, cette culpabilité entraîne une mauvaise ambiance de travail et finit par démoraliser les employés. Dans certains cas, cela ne fait qu’occasionner du « présentéisme », une attitude perfide consistant à rester plus tard au travail, sans pour autant devenir plus productif, l’idée étant simplement de prouver que l’on peut « engranger » des heures – au même titre que les bourreaux de travail – , même si ce n’est pas nécessaire.
Encenser les bourreaux de travail est une erreur stratégique
Naturellement, un tel rythme ne peut pas être viable sur le long terme : à un moment donné, le corps dit « stop » ! L’épuisement professionnel – ou « Burnout » est caractérisé, selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) comme un « sentiment de fatigue intense, de perte de contrôle et d’incapacité à aboutir à des résultats concrets au travail ».
Si, dans les années 70, le « burnout » était l’apanage des employés engagés émotivement dans leur travail, comme les infirmières, les médecins ou encore les enseignants, aujourd’hui, tous les travailleurs, du simple ouvrier au chef d’entreprise, peuvent y être exposés. Entre présentéisme et absentéisme, les coûts générés par le stress, pour les entreprises, deviennent conséquents.
Pour contrer les effets du stress chronique, le chef d’entreprise doit fixer des objectifs réalistes et gratifiants, hiérarchiser les tâches, pour déterminer les priorités et les degrés d’importance. Au niveau des employés, au-delà de l’écoute de leur corps, ils doivent savoir dire « non », déléguer, réfléchir, avant de foncer tête baissée dans un projet, mais surtout « décrocher » pendant les heures de repas, échanger avec les collègues et prendre du temps pour eux.
Une entreprise, qui valorise les échanges et le travail, dans une ambiance saine et détendue, sera d’autant plus productive, qu’elle tirera le maximum de ses employés, qui auront, tout simplement, « envie » de travailler pour elle.